Peut après son arrivée à Wisterly, Enola avait éprouvé l’envie de se trouver un petit boulot. Eugène avait été étonné par cette requête de la jeune femme. Elle n’avait que dix-huit ans, pourquoi ne pas profiter de la vie ? Ce qu’il ne comprenait pas, c’était que c’était la façon d’Enola de profiter de la vie. C’est vrai, ce n’était pas lui qui était resté enfermé dans un appartement pendant dix-huit ans sans jamais savoir pourquoi on lui faisait ça. Au moins, Enola avait profité de sa « captivité » pour se renseigner sur tout ce qui l’intéressait. C’est ainsi qu’elle avait su qu’elle avait l’âge légale pour travailler et puis il fallait bien qu’elle paye sa moitié du loyer, non ? Elle avait vite trouvé un petit boulot de serveuse, elle s’était vite aperçue que ses collègues n’étaient pas fan de ce boulot, pourtant, elle, elle l’adorait, même si les clients n’étaient pas tous sympathiques. Elle arrivait toujours en avance par peur de perdre son travail. Elle l’aimait bien et puis, ça ne coutait rien d’arriver en avance. Elle venait de sortir des vestiaires, où elle avait revêtu sa petite robe bleue claire lorsqu’elle aperçut Bridget qui se dirigeait vers elle. « Hey, j'ai entendu dire que la pizzeria de Westerly Square faisait des pizzas à tomber, ça te tente ? » La petite blonde aimait bien la rousse, elles étaient différentes à bien des égards et pourtant, Enola adorait son histoire. C’était vraiment le genre de vie qu’elle-même aurait aimé mener. Voyager de ville en ville, c’était un rêve pour elle dont le seul voyage avait été de venir jusqu’à Wisterly. Elle adressa un sourire éblouissant à sa collègue et amie. « Oh oui ! Je n’ai pas eu l’occasion d’en manger souvent ! J’espère qu’elles sont aussi bonnes que tu le dis ! » Enola attrapa le petit sac à main blanc qu’elle s’était achetée en arrivant en ville, se dirigea d’un pas décidée vers porte du restaurant où elle travaillait et se retourna vers Bridget. « Alors tu viens ? »

Enola n’avait jamais beaucoup mangé de Pizza. A vrai dire, elle n’en avait jamais mangé avant de partir de San Francisco. Pourquoi ? La réponse était simple, sa mère qui était infirmière la forçait à se nourrir d’une nourriture saine, soit pas de sel, ni de sucre. Les bonbons ? Autant oublier, comme toutes les sucreries d’ailleurs. C’était mauvais pour la santé et sa mère refusait qu’Enola attrape une maladie qui était évitable si la blonde se nourrissait correctement. Sa première pizza ? Elle l’avait mangé lorsqu’Eugène était venu la chercher et qu’ils avaient roulés pendant cinq heures ensemble. Inutile de dire qu’elle l’avait dévorée à pleine dents tant elle avait trouvé cela délicieux. C’était la première et dernière qu’elle avait mangé puisque lorsqu’ils étaient arrivés dans la ville, il lui avait offert un hamburger. D’ailleurs ça aussi, Enola avait adoré. Mais comme elle avait pu apprendre à cuisiner durant ses dix-huit ans de captivité, ils se nourrissaient peu de fast food. Pourtant Enola avait envie de remanger de ces choses qu’elle n’avait pas pu découvrir chez elle. « On m'a dit que c'était les meilleurs du coin alors tentons ! Et puis, on peut pas rater une pizza, non ? » La blonde acquiesça, Bridget avait raison, une pizza ça ne se ratait pas ! C’était tellement bon, comment aurait-elle pu ? « Tu as raison ! J’adore les pizzas ! » S’exclama joyeusement Enola. Le rire de Bridget fit pétiller les yeux de la blonde. Enola adorait le rire de la rousse, il était beau et elle aimait l’entendre. De toute manière Enola adorait entendre rire les gens en général car cela prouvait qu’ils étaient heureux, ou du moins, pas malheureux. « J'arrive, j'arrive. » Enola ne pu s’empêcher de pouffer, elle n’avait pas laissé le temps à sa collègue de se rhabiller comme il se devait. Elle haussa les épaules, Bridget n’avait pas du tout l’air de lui en vouloir. Comme la rousse, Enola salua ses collègues, leur souhaitant bonne chance pour le reste de la journée et suivi son amie hors du restaurant. Wisterly était vraiment une petite ville magnifique, Enola l’aimait beaucoup et ne voulait pas en partir. Elle se sentait chez elle ici et enfin libre de mener sa propre vie. « Enfin fini, ça me tue de rester dans ce resto parfois. » Enola dévisagea Bridget, une lueur d’interrogation dans les yeux. Il était vrai que Bridget avait fait pleins de petits boulots contrairement à elle, être serveuse ne devait pas être le meilleur qu’elle avait trouvé. Enola, elle, aimait ce travail, sans doute parce que c’était son premier et qu’elle avait toujours adoré faire la cuisine, c’était l’un de ses seuls divertissement à San Francisco, faire la cuisine pour sa mère. « Moi j’aime bien, bon j’aurais préféré faire la cuisine que de servir les clients, mais je trouve ça sympa comme travail. Dans tous les jobs que tu as faits, c’est lequel qui a été ton préféré ? » Enola était curieuse de savoir cela, qui sait ? Peut-être un jour essaierait-elle ce job et lui plairait-il aussi ? En attendant, Enola aimait ce qu’elle faisait, elle attendrait certainement le jour où elle se lasserait du restaurant avant de changer et elle se demanda combien de temps elle aimerait faire ce travail. Toujours ? Ou se lasserait-elle au bout d’un mois ? Elle haussa les épaules, seul le temps le lui dira.

Enola ne voulait qu’une chose : apprendre à vivre comme elle le désirait. Elle voulait une vie d’aventure, une vie où elle bougerait. Mais elle était consciente qu’elle était encore trop jeune pour ça. Ce qu’elle voulait dans un premier lieu, c’était finir ses études et ensuite peut-être, bouger. Elle voulait devenir psychologue pour apprendre à comprendre les gens et à les aider. De plus, elle aimait beaucoup les cours, elle voyait des gens et s’en faisait des amis. Cela la changeait de toutes ses années de solitude qu’elle avait vécue. Elle appréciait. C’était pourquoi elle aimait également autant son boulot, ça n’avait beau être qu’un petit job, il était important à ses yeux et elle voulait apprendre à faire le plus de choses possibles. « Tu aurais aimée être cusinière ? Demande a y passer un jour, tu sais il n'y a pas grand monde les soirs de semaines, peut-être que le chef acceptera. » Enola hocha la tête, oui peut-être qu’il accepterait, de toute manière elle n’avait rien à perdre à demander. Il ne la renverrait pas juste parce qu’elle lui demandait d’être en cuisine. Ce n’était pas un mauvais bougre. Elle ne savait pas pourquoi, elle n’avait jamais osé demander, sans doute par peur qu’on l’envoi balader. Pourtant ce n’était pas si grave, mais à cause de sa mère, elle avait pris l’habitude de garder tout ce qu’elle voulait pour elle par peur qu’on lui dise qu’elle était trop capricieuse. « Tu as raison, j’aurais dû y penser, je ne sais pas pourquoi ça n’a pas effleuré, sans doute l’habitude de ne rien demander parce qu’on avait tendance à tout me refuser…avant. » Elle n’aimait pas parler de sa vie avec sa mère, non que ça la peine, mais souvent les gens prenaient sa génitrice pour un monstre, après tout, qui aurait osé garder enfermer une fille pendant tant d’années ? Il était vrai qu’Enola n’avait jamais compris les motivations de sa mère, mais elle restait sa mère et elle l’aimait profondément, même si elle était partie. Elle se sentait d’ailleurs encore coupable de l’avoir abandonné ainsi. « Hum .. Je dirais vendeuse de glace, l'un de mes premiers jobs c'était à San Diego, je vendais des glaces sur la plage, c'était fun ou alors croupière à Vegas, c'était marrant aussi » Enola ouvrit des yeux ronds, Bridget avait vraiment eu une vie pleine d’aventures. Les glaces, Enola en avait mangé qu’une lorsqu’elle habitait avec sa mère, une glace à la vanille, sa mère avait exceptionnellement accepté parce qu’il faisait très chaud et qu’en plus, c’était son anniversaire. Depuis, elle n’en avait plus repris, mais le souvenir qu’elle gardait en tête était froid, mais délicieux. Par contre elle ne comprit pas vraiment ce qu’était le second métier que Bridget lui avait dit. Croupière ? Elle n’avait jamais entendu parler. « Qu’est-ce que c’est croupière ? » Tout en prononçant ces mots, Enola aperçut une enseigne qui présentait le nom de la pizzeria où elles étaient censées se rendre, elle sortie son portable en vitesse. Oui avec sa bourse et son boulot, elle avait pu s’en acheter un et franchement ? Les SMS c’était le pied ! Elle envoya un texto à Eugène pour le prévenir qu’elle mangerait avec Bridget qu’il ne devait pas s’inquiéter et poussa la porte du restaurant pour les faire entrer.