Le retour de Bella n'avait jamais fait partie de ses plans, concrets ou imaginés. Il s'était bâti une vie sans elle, sans son amour empoisonné, en se tournant vers un travail censé le passionner, en épousant Anastasia qu'il espérait être la femme de sa vie, en ayant une magnifique petite fille et en menant une vie paisible dans une maison dans le quartier résidentiel de East Garden. Jamais il n'avait imaginé avoir à gérer le retour de Bella à Westerly et, quand bien même il ne s'était jamais complètement remis de l'accident qui les avait brisé et du départ soudain de son ex, il ne voulait pas la voir réapparaître. Mais alors pourquoi ne cessait-il de penser à elle depuis la soirée précédente ? Elle avait fait irruption dans le restaurant où il dînait tranquillement avec sa fiancée, lui lançant un défi comme à l'époque où tout allait bien pour eux, comme si ces cinq ans de séparation n'avaient jamais existé. Pourquoi revenait-elle ? Il s'était stabilisé, avec une fiancée formidable, une fille merveilleuse, alors pourquoi Bella revenait, telle une ombre au tableau ? Castiel se le demandait bien, et c'est certainement pour cela qu'il n'avait pu fermer l'oeil de la nuit, quand bien même il avait observé les traits détendu d'Anastasia pour tenter de trouver le sommeil. Il avait attendu jusqu'à l'aube et, dès que les premiers rayons de soleil étaient venus caresser les murs de leur maison, il s'était extirpé du lit doucement pour ne pas réveiller sa fiancée, avait enfilé un bas de training et un tee-shirt avant de s'éclipser de la chambre pour traverser le couloir et rejoindre la pièce où dormait paisiblement Lexie, sa petite fille de deux ans.

S'asseyant sur le rebord du lit, Castiel posa ses yeux bruns-verts sur le visage angélique de sa fille qui dormait encore à poings fermés en cette heure très matinale. Observer ses traits avait généralement tendance à déclencher chez lui un sentiment de bien-être, le faisant inconsciemment sourire. Mais ce matin là, il lui était impossible d'esquisser ne serait-ce que le moindre rictus. Son visage resta neutre face à la beauté enfantine de Lexie et il s'en sentit abattu. Bella étant de retour à Westerly, sa famille allait indéniablement en souffrir, il le savait. Pourquoi ? Parce qu'il se connaissait suffisamment et sentait très bien qu'il ne restait pas insensible au retour de son ex petite amie. Appelez ça de la rage, du regret, de la souffrance ou même un reste certain d'amour, tout ce que savait Castiel était qu'il risquait fortement de mener sa famille en péril. Et dieu sait combien il voulait éviter ça ! Il avait beau ne pas se sentir comme étant l'homme le plus heureux du monde -alors qu'il avait toutes les raisons de l'être !-, il ne pouvait pas supporter l'idée de faire souffrir Anastasia. Elle était sa fiancée et, quoi que puisse ressentir son coeur à l'égard de Bella, il l'aimait et ne voulait pas la voir encaisser ses erreurs de parcours. Soupirant lentement, le jeune père passa doucement sa main contre la joue de Lexie, laissant ses pupilles vagabonder encore le long des traits de son visage. « Tu es ma petite princesse et tu le resteras à jamais, tu le sais mmh ? » murmura-t-il à sa fille, comme si elle pouvait l'entendre dans son sommeil et comprendre que, quoi qu'il puisse arriver, son père ne l'abandonnerait jamais. Puis, tout à coup, il sentit une main se poser sur son épaule, ce qui le fit tourner la tête par réflexe. Évidemment, c'était Anastasia. Il avait dû la réveiller en se levant et il s'en mordit l'intérieur de la joue. Reposant son regard sur sa fille, Castiel alla poser un baiser sur le front de la gamine, puis il finit par se lever du lit en soufflant discrètement, faisant face à sa fiancée. Elle semblait se poser un tas de questions mais, par-dessus tout, elle semblait inquiètes. « Castiel, qu'est-ce qui ne va pas ? » La question piège. Il ne pouvait pas se permettre de lui dire directement que le retour de Bella le retournait et le remplissait de doute. Mais il ne pouvait pas non plus lui mentir. S'humectant les lèvres du bout de la langue lorsqu'Anastasia vint caresser sa joue, l'écossais finit par planter son regard dans le sien et ne se força même pas à sourire. Il était hors de question qu'il joue de faux-semblants, il voulait se montrer transparant aux yeux de la jeune femme. « Pourquoi est-ce que ça n'irait pas ? » demanda-t-il calmement, d'une voix feutrée pour ne pas réveiller sa fille. Puis, comme s'il souhaitait rassurer Anastasia, il alla attraper la main qu'elle avait posé sur sa joue pour la faire glisser jusqu'à ses lèvres afin de poser un tendre baiser dans sa paume. Un signe d'affection comme un autre, car, malgré tout, il aimait Anastasia, de tout son coeur.